Photographe de troubles

« J’ai trouvé la définition du Beau, de mon Beau. — C’est quelque chose d’ardent et de triste, quelque chose d’un peu vague, laissant carrière à la conjecture. […] Une tête séduisante et belle, une tête de femme, veux-je dire, c’est une tête qui fait rêver à la fois, — mais d’une manière confuse, — de volupté et de tristesse ; qui comporte une idée de mélancolie, de lassitude, même de satiété, — soit une idée contraire, c’est-à-dire une ardeur, un désir de vivre, associés avec une amertume refluante, comme venant de privation ou de désespérance. Le mystère, le regret sont aussi des caractères du Beau. »

Charles Baudelaire, Mon cœur mis à nu, 1897

[EN] Maël Baussand's photography creates a disquieting yet compelling dialogue between humanity and the (un)natural world, challenging perceptions of belonging. Through the use of unconventional materials and surreal imagery, Baussand effectively illustrates the complexities of human instincts and societal norms. Nothing new here.

The recurring motif of discomfort or “trouble” — evident in the contrived postures, weird angles and blunt composition of her visuals —, invites viewers to confront their own relationship with the unruly host of our body. This tension is heightened by the portrayal of isolation within vast, chaotic, or plain strange environments, suggesting a profound disconnect from both self and surroundings: a poetics of dissociation, where symbolic objects like mirrors, water or glass, serve as a commentary on self-perception and illusion, urging reflection on norm and order, and one's place within a given system. Baussand’s answer is an exploration of polarities and transitory states, capturing liminal moments and emphasizing the fluidity of identity and dis-embodied experience.

In essence, Baussand’s work is a lukewarm provocative exploration of the boundaries between the organic and the artificial, prompting viewers to reconsider their relationship with the self, nature, society, and the visceral experiences that define and underpin them. Through retold myths and broken lineages, a new folklore emerges — one that navigates the complexities of existence, creating a hauntingly beautiful tale of our world.

Recurring imagery that seems to inexplicably appear in her work, and that we cannot account for or make any real head or tail of, include:

  • Ambiguous consumption, or “people eating strange things”

There’s a recurring theme of people (women ?) consuming or being consumed by things they shouldn’t, in a way they shouldn’t. Make of that what you will, and bon appétit.

  • Dis/comfort with nature

Somehow people (women ?) find themselves interacting or engaging with natural elements (including plants, animals, and minerals) in unsettling ways. It’s not outright damnable (we think ?) but it is not exactly sane, either. After all, people have been fucking statues or dying in water for a long time, right ? Or was it fucking in water and posthumous sculpture we were really on about instead ?

  • Distorted body postures

Subjects (women ?) often appear… unpolished, roughened, frayed, when not outright uncomfortable - contorted or in awkward positions.

  • Surreal transformation

We observe questionable cases of blurred boundaries between human beings (women ?) and their environment, only this is no fairy tale glamour.

  • Pompous literary and/or artistic references

Again, nothing new.

  • Menstrual blood

Something is obviously very wrong here. Why so much of it all the time and to be honest do we really need to see that ?

[FR] La photographie de Maël Baussand crée un dialogue à la fois inquiétant et captivant entre l'humanité et le monde (in)naturel, remettant en question nos perceptions d'appartenance. Grâce à l'utilisation de matériaux et d’images non conventionnels, Baussand illustre efficacement les complexités des instincts humains et des normes sociétales. En somme, rien de nouveau.

Le motif récurrent de l'inquiétante étrangeté ou du « trouble » — évident dans les postures et angles inconfortables et la composition parfois brutale des visuels — invite lae regardeure à confronter sa propre relation avec le corps, cet hôte indiscipliné. La tension est encore accentuée par l’impression d'isolement dans des environnements vastes, inhospitaliers ou bizarres, suggérant un profond décalage entre le soi et son entourage. Cette poétique de la dissociation, où des objets symboliques comme des miroirs, de l'eau ou du verre, servent de commentaire sur l'illusion de l’identité, incite à réfléchir sur les notions de norme et d'ordre, ainsi que sur notre place dans un système donné. La réponse de Baussand est une exploration de polarités et d’états transitoires, capturant ces moments liminaux qui soulignent la fluidité du soi au travers une expérience désincarnée.

Essentiellement, le travail de Baussand est une exploration tiède mais provocatrice de ces frontières entre l'organique et l'artificiel, poussant les spectateurices à reconsidérer leur relation avec eux-mêmes, la nature, la société, et toutes les expériences viscérales qui nous définissent et nous sous-tendent. À travers ces mythes réinterprétés ou ces lignées brisées, un folklore nouveau émerge — naviguant les complexités de l'existence pour créer un récit de notre monde à la beauté dérangeante.

Des images récurrentes semblent apparaître inexplicablement dans cette œuvre, et nous luttons pour faire sens du trauma premier. Elles comprennent entre autres:

  • Des consommations ambiguës (ou “personnes qui mangent des choses étranges”)

Il y a un thème récurrent d’individus (des femmes ?) consommant ou étant consommées par des choses qu'elles ne devraient pas, d'une manière qu'elles ne devraient pas. À vous de faire ce que vous voulez de cela, et bon appétit.

  • Un confort et inconfort avec la nature

Les modèles (des femmes ?) se retrouvent toujours à devoir interagir avec des éléments naturels (y compris plantes, animaux et minéraux) de façon déconcertante. Ce n'est pas répréhensible exactement (du moins on croit ?) mais ce n'est pas tout à fait sain non plus. Après tout… bien des gens ont déjà couché avec des statues ou sont morts dans l'eau, n'est-ce pas ? Ou bien était-ce plutot baiser dans l'eau et le phénomène des sculptures posthumes dont nous parlions en fait ?

  • Postures corporelles déformées

Les sujets (des femmes ?) apparaissent souvent… peu raffinées, frustes, salies, voire carrément vulgaires - contorsionnées dans des positions louches.

  • Métamorphoses

On observe des cas discutables de frontières devenues floues entre les êtres humains (des femmes ?) et leur environnement, mais cela n’a rien du glamour d'un conte de fées.

  • Pompeuses références littéraires et/ou artistiques

Encore une fois, rien de nouveau.

  • Sang menstruel

Il y a manifestement quelque chose qui ne va pas ici. Pourquoi tant de sang des règles tout le temps et, pour être honnête, avons-nous vraiment besoin de voir ça ?